Cercle Psychanalytique de Paris

LE REEL SANS MODERATION

Les publications d’articles sur le site du CPP suscitent souvent des réactions et nous en sommes ravis. Les échanges sont toujours bénéfiques. Voici ci-après la réponse de Mr Guy Massat à Mr Robert Hawawini intitulée  :

Le Réel sans modération

Bonjour M  Robert Hawawini,

Je vous remercie vivement de vos réactions. Voici mes remarques , en gras et italique :

Si l’arrêt des montres n’a jamais arrêté le temps, l’arrêt de toutes production mentale cognitive, autrement dit, la cessation des pensées, oui. Le temps n’existe qu’à travers la pensée, mais la psychanalyse n’est pas outillée pour réaliser cette expérience.

Le système inconscient le démontre pourtant.  L’inconscient est une pensée hors temps, la jouissance sans limite.

Le Daoïsme n’a jamais engendré le Tchan ni le Zen. Le terme zen provient du chinois tchan ou chan qui, lui-même, provient de l’indien dhyana contracté en dhyan devenu chan.

Je vous prie de vérifier plus sérieusement vos sources. Le sanscrit t n’est pas la langue du Bouddha.  Dhyâna  ne s’articule pas comme Chan.

Si wu signifie vide en chinois, il ne s’agit pas du vide infini, c’est-à-dire d’un mouvement, l’inconscient lui-même ou la poussée du vide. Ce que vous faites-là, est d’essayer de pénétrer l’impénétrable, parce que vous n’arrivez, ni à accepter de ne pouvoir le dire, ni à en faire votre propre état en toute conscience. Wu est le seul et unique réel, celui que vous ne pouvez pas contempler sans traverser ce que la psychanalyse ne permet pas de, je ne dis pas approcher ou mieux, pénétrer, mais concevoir même. Wu est la cessation du temps, c’est-à-dire de l’espace ; c’est votre conscience originelle immobile, simplement consciente d’elle-même. La recherche de la réalité de l’espace temps, qu’il soit conscient ou inconscient, est comme une tétine que les hommes sucent pour calmer leur anxiété. Le langage est très bien adapté à cette illusion.

Quelle est la définition de la conscience ?  Toute conscience e est conscience de quelque chose. L’inconscient est illimité

Le réel n’est pas impossible à dire que pour le conscient, il l’est aussi pour l’inconscient, car ce réel dont je parle si mal – mais comment puis-je faire autrement ? – est au-delà des deux : c’est la cessation du temps qui est conscience.

Cessation du temps ? Mais pour combien de temps ?

Pour moi, l’inconscient, le vide quantique, le vide selon la pensée chinoise et le Réel de Lacan ne sont pas hétéronymes ; ils n’ont aucun rapport entre eux. Je pense et c’est tout à fait personnel, que vous faites les associations qui vous arrangent pour démontrer ce que vous voulez.

Qui pourrait soutenir le contraire ?

D’une part, le vide quantique ne correspond à aucune autre identité que celle imaginée par son concepteur ; il n’a aucune réalité intrinsèque. « Il » est autant le vide quantique que son concepteur. D’autre part, le vide de la pensée chinoise n’est hétéronyme de rien du tout car innommable. Enfin, l’inconscient est peut être, je dis bien peut être, ce qui tente de combler le vide quantique, mais l’inconscient n’est pas ce vide. Et si ce vide il y avait, il ne serait pas vide, mais plein de quelque chose que la psychanalyse ne permet pas de franchir, à ce point même qu’elle le comble par une production mentale sans fin. La profusion conceptuelle est comme un couvercle sur lequel on danse pour ne pas voir ce qu’il y a en dessous.

Tout à fait d’accord sur ce point

Je comprends ce que vous écrivez à propos de la psychanalyse qui ne parle ni de l’esprit ni du corps mais de la pensée du vide, de la désubstantialisation de l’univers physique. Mais ; d’une part, le vide ne parle pas, il n’a pas de pensée ; de l’autre, cela n’a rien à voir avec le zen. Pour comprendre quelque chose du zen, les productions intellectuelle ne servent à rien, il faut pratiquer.

Pour la pratique du zuo chan, je pratique quotidiennement depuis 1968 .

Que veut dire « le feu est le réel insubstantiel » ? Vous pouvez imaginer ce qu’il est à travers le concept, mais vous ne savez ce qu’il est en face-à-face.

Il s’agit du feu d’Héraclite.  Je sais en tout cas qu’il n’y a pas de face sans dos.

L’inconscient ne précède pas le conscient ni au fond ni en surface. Dans l’intervalle de la vie, le seul qui nous intéresse, les deux naissent et meurent ensemble et personne ne peut savoir qui a commencé. C’est un mystère infranchissable par la pensée de l’homme. Même s’il y a un autre intervalle où l’un peut provisoirement exister sans l’autre, on ne sait jamais qui a commencé.

C’est votre droit de ne pas être d’accord avec  ce que dit Freud. Personne ne vous en voudra.

La lumière au fond de l’homme dont parle Héraclite n’a rien à voir avec l’inconscient. Là, vous interprétez, non pas à la lumière, mais à l’ombre de votre savoir ; vous rapportez un mot dit par un autre, au plan que vous connaissez, le plan psychique en l’occurence. Mais il ne s’agit pas de ça, car l’inconscient n’est pas un fond, il est encore une périphérie. Le fond au-delà de l’inconscient et du conscient est exclu du champ analytique.

J’interprète, certes,  mais vous aussi…comme tout le monde.

L’Occident dont vous détaillez les significations n’est pas géographique, il est une prédisposition intérieure à tout humain, qu’il soit d’Orient ou d’Occident.

Tout à fait d’accord

Réalisées dans des champs très différents, des civilisations différentes mêmes, mon expérience intérieure m’a appris que les savoirs sont cloisonnés car les concepts sont clôturés, cernés, enfermés, rendus inamovibles par une dimension de l’inconscience que très peu d’homme ont pu traverser pour plonger dans l’« extraordinaire ouverture ». La seule chose que nous savons faire est de reprendre les concepts issus d’autres savoirs pour les comprendre à travers les nôtres afin de conforter notre démonstration, ce qui est source d’erreur et d’incompréhension.

Je vous prie de considérer tout ce que je viens de dire avec relativité, car les mots ne sont pas le meilleur outil pour parler de ces niveaux de la conscience et cela ne change rien à l’exceptionnel champ d’investigation intérieure qu’est la psychanalyse.

Nous essayons de dire quelque chose du RSI, car Lacan a lancé cette formule, c’est tout. Mais il n’est pas sûr qu’il faille aborder la conscience humaine par ce Revenu Social d’Insertion .

Bien trouvé pour RSI.

Finalement, ce que j’ai le plus aimé dans votre article est le dernier mot : père-sonne. Et quand on le force, quelle çonne celle-là, alors !
D’accord et bien Cordialement.

Guy Massat


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